Un pétale d'aubépine
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Celle qui n'a que ses yeux pour pleurer

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Celle qui n'a que ses yeux pour pleurer Empty Celle qui n'a que ses yeux pour pleurer

Message par Zahya Ven 25 Mar - 15:39

(Conseil de lecture : Lire à haute voix, telles les répliques d'un tragédie clamée devant une salle vide)
1) Débutons, le chant des muses
2) Rupture, déchirure de la Trame
3) Décadence, le pied trébuche
4) Espoir, fleur fanée sur une vieille photo


Elle, droite, devant une large psyché.

1) "Et quoi, toi, qui me regarde ainsi de ta hauteur
Tu voudrais du destin m'apprendre la grandeur ?
Ô traitre que tu es, dans ton obscur silence
Tu es le témoin sincère de mes dites confidences
Je me rappelle, hélas, avec grande confusion
Ce qui fut autrefois ma patrie, ma maison
Une terre comme même toi, tu ne peux refleter
Tant ces lieux sont imprégnés de divines beautés
Pytho était radieuse, mais dans un triste revers
Pytho était radieuse, Pytho devint poussière
C'est dans un cadre bien joyeux que j'ai grandis
Mais la mémoire m'arrache le noms de mes amis
Les noms de mes frères, le nom de ma mère
Ma mémoire est balafré de meurtrissures amères
Je sais que j'étais belle, et aimante et aimée
Et cela me destina à toujours les vouer
On me fit gardienne, une fois, et ma bouche ocrée
Fut l'instrument sincère d'un Drame annoncé
Assise près de la Fosse, je machais en silence
Ces feuilles de Laurier qui faisaient notre pitance
Et si tôt que les âpres fumées amères et souffrées
Me venaient à la gorge, je tombais et mourais...
(Si seulement...)
Mais vois-tu, à l'heure même où je te conte cela
Ces maudits souvenirs semblent se jouer de moi
Et je revois enfin une scène passée
Moi qui suis tant peinée d'avoir tant oublié
C'est d'ailleurs, écoute bien, le début de la fin
De mes belles années, je te prie, écoute bien !

2)L'hivers avait été clémant, le printemps revenu
Apportait avec lui les Augures attendues
Le soleil brillait haut, et moi, ivre de clarté
Observée les pelerins venus depuis l'Egée
Apportant avec eux la myrrhe et l'Oliban
J'étais assis à la fenetre, en les regardant gaiement
Sur mon épaule, vint se poser, délicate caresse
La main de ma douce et aimante maitresse
Qui, après un silence que je n'osa violer
De sa bouche exprima ses dernières pensées :
"Vois-tu, je me disais ce matin à l'atrium
Que le plus triste destin pour l'Homme
Serait d'être seul, dans l'immensité austère
De cette énorme contrée que se trouve être la Terre"
(Et ces mots, profonds et incrustés en ma mémoire
Ne me laisse pas un jour sans venir me revoir)
C'est ainsi qu'elle me fit son adieu, et la fleur qu'elle était
A mes yeux, aujourd'hui, ne s'est jamais fanée
Elle, qui par sa bouche avait prédit tant de destins
A su demander aux Dieux de choisir le sien
Un grand silence regna sur les contrées
Qu'importe le deuil ! Les dieux devaient parler

3)Alors même que je ne pus tarir mes larmes
On me fit prendre part aux prémices du Drame
Je me mis assise et sans discourir
Je vis de mes yeux notre funeste avenir :
Je vis la mer en flamme, et les cieux d'un vert-gris
Je vis la misère au sol, et la mort en tapis
Je vis les temples vides et les corps éventrés
De mes frères eux même gisaient à mes pieds
Je vis par la Mer venir de grands navires
Je vis que par la parole nous allions mourir
Et que se refusant à nous battre en Hommes
Nous allions mourir bêtes, en bêtes de Sommes !
Mais ces images qu'aujourd'hui j'arrive à décrire
Furent à l'époque traités de sombres délires
Et l'on me fit prendre sans dire mot de cela
Un bateau sans retour vers l'Antikythira
Voilà ! Maintenant que je me suis ainsi confiée
Ô triste reflet, qu'as-tu à me dire, qu'as-tu à juger ?

4)Le silence ! Profonde agonie du coeur qui soupire
Attendre sans relache ce que notre âme désire
Mais sachant au fond de nous la triste verité
Il n'y avait pour moi ni Jason ni Persée
Aux premiers mois, j'avais quand même espoir
Et contemplais l'immensité de la mer noire
(Car dès lors que l'on n'a plus la force d'Etre
Le monde devient un clapier sans fenêtre)
Jamais je ne vis ni un navire ni une galère
Et le temps passait, tout devenait poussière.
Certes au début, je n'étais pas seule en ces lieux
D'autres femmes, d'autres hommes; oui mais eux
Prirent le chemin du repos éternel
Quand pour moi le destin paraissait solennel
Un matin toutefois; où le ciel s'était fait menaçant
Arrivèrent des hommes en armure d'argent
Fussent-ils fils d'Arès, je les aurai suivi quand même
La Solitude dépique ce que l'Espoir sème

Zahya
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Message par Zahya Mer 4 Mai - 16:29

Le "Si j'étais", comme un portrait spontané :

"Si j'étais un oiseau, je serai le poan, le plus beau des oiseaux
Si j'étais au mariage, je serai le vieil objet car il est l'ancien dans le neuf
Si j'étais libre, je ne serai pas là, mais partout où on aurait besoin de moi
Si jétais à la fin de mes actes, je ne quitterais pas la scène si l'on m'applaudit encore. Car on attendrait encore quelque chose de moi."
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