Un pétale d'aubépine
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La Domina Satio : Niveole

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La Domina Satio : Niveole Empty La Domina Satio : Niveole

Message par Nivéole Sam 26 Juil - 14:39

Il était une fois une journée qui n'était pas tout à fait l'hiver, mais pas encore non plus le printemps. J’étais partie me promener dans les bois qui environnent la maison, avec un panier de graines pour nourrir les oiseaux. Je m’étais chaussée de mes bottes en plastique fourrées et j’avais couvert ma robe d’un épais manteau de laine avant de sortir, ce qui faisait que j’avais un peu chaud. La neige recouvrait encore une grande partie de la campagne, mais il faisait très beau depuis plusieurs jours, et les timides rayons du soleil commençaient déjà à la faire fondre.

La Domina Satio : Niveole Mesang11

J’étais en train de regarder une petite mésange bleue dévorer les graines que j’avais dispersées sur les branches d’un saule lorsque j’ai senti qu’il se passait quelque chose d’anormal. L ’oiseau aussi ressentait ce malaise. Instinctivement, elle vint se blottir dans ma nuque, sous mes cheveux. Un souffle chaud, comme un vent du sud portant la fournaise, souleva mon manteau et fît balancer les branches des arbres. Très vite, ce vent commença à fouetter mon visage de minuscule grains durs : du sable. Une tempête du désert venait de se lever, et dans cette campagne parsemée de marais et de forêts, ça n’était vraiment pas normal. L’inquiétude m’envahit quand je réalisai qu’elle venait de l’ouest, derrière moi. La direction de la maison.

Le vent devenait de plus en plus violent, à tel point qu’il devenait difficile de marcher, et la morsure du sable devenait insupportable malgré ma capuche. Les arbres commençaient à se tordre et craquer sous le coup de cette tempête incroyable, des branches gémissaient en tombant, les animaux qui n’avaient pu s’abriter se desséchaient et étaient pulvérisés en quelques secondes. Je choisis un très grand et large chêne, au creux duquel je vins me blottir, dos à la tempête, dos à la maison, serrant contre moi la petite mésange effrayée.

*


Lorsque j’ouvris les yeux à nouveau, mes jambes avaient disparu sous un gros tas de sable. Il faisait à nouveau frais et le ciel bleu était parsemé de petits nuages blancs, comme quelques minutes plus tôt. Je me levai et rabattis ma capuche pour contempler les environs.

La forêt avait complètement disparu sous des dunes de sable rougeâtre. Derrière-moi, ne subsistait du gigantesque chêne qu’une souche polie et érodée par le vent du désert, résistant encore contre une gigantesque dune de sable qui menaçait de m’engloutir. Plus un être vivant, animal ou végétal, que quelques souches calcinées, comme si elles avaient demeuré ici depuis des siècles. Il ne restait qu’un paysage de rocs durs et aiguisés, parsemé de monticules de sables.

La Domina Satio : Niveole Souche10

*


Je courus jusqu’à la maison. Il était difficile de retrouver mon chemin dans ce paysage de désolation et de mort, mais je me repérai aux collines environnantes, qui s’étaient un peu émoussé suite à la tempête mais demeuraient en place.

En arrivant aux abords de la maison, je ne pus que courir, gémir, hurler, pleurer. Il n'y avait plus rien à faire. De la maison de mon enfance ne subsistaient que quelques planches qui étaient demeurées rivées aux fondations. Plus de traces de la maison de bois, des balcons, du jardin, de la serre. Je ne cherchai même pas à réaliser ce qu'il avait pu advenir de Papa et Maman, de mes deux grands frères, Paul et Adam. Je courus comme une folle, ivre de rage et de désespoir, et plongeai sur le sol de la maison détruite, au milieu d'un paysage de rocailles de mort. Je pleurai longtemps, longtemps.

*


Je ne sais pas combien de temps je restai ainsi, immobile au milieu du champ de désolation. Une nuit, je crois, passa. C'est la mésange qui vint me tirer de ma torpeur, en piaillant à mon oreille et en caressant gentiment de ses ailes mes joues pleines de larmes séchées, de poussière et de sable rouge.

Je me relevai et m'assis en tailleurs. L'air était frais et sur la lande de roc et de sable, la neige avait réapparu. Des touffes d'herbes et de mousses semblaient poindre sous le fragile manteau de neige, et un vol d'hirondelle tournait au-dessus de moi. Dans mon dos, j'entendis les bruits légers de pieds nus sur la neige. Je me tournai. Mère se tenait face à moi, les yeux pleins de larmes. Elle était grande et belle, vêtue d'une jolie robe de coton blanc brodée de fleurs vivantes. Ses longs cheveux châtain bouclaient jusqu'au milieu de son dos, et abritaient des écureuils et des moineaux. Des fougères, des fleurs et du lierre caressaient ses jambes, ses bras et sa robe, croissant, fleurissant et fânant au rythme de sa respiration. De libellules et d'auters petits insectes voletaient paisiblement autour d'elle. Elle avait un sourrire triste, et ses yeux pleins de compassion se portèrent sur un petit amoncelelment blanc derrière elle. Mon regard suivit instinctivement le sien, et découvrirent le squelette blanchi d'un homme. S'agissait-il de Papa ?

Mère s'agenouilla face à moi, et me fit signe d'approcher. Je courus vers elle pour me blottir dans ses bras, pour qu'elle me berce et me protège pour toujours. Mais son regard se durcit soudain, et je m'arrêtai à quelques centimètres d'elle. Elle prit ma tête entre ses mains, et fit ce qu'elle devait faire. Cela sembla durer éternellement. Mais il fallu du temps pour que j'écoute ses paroles dans ma tête, pour que je veuille comprendre, pour que j'accepte enfin la réalité.

Lorsque ce fut fini, j'avais perdu mon Nom. A mon épaule, la mésange riait et me chatouillait de ses plumes. Là où s'étendait auparavant le petit jardin, sous une petit coussin de neige, un bouquet de nivéoles éclot sous mes yeux.

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